Confrontés à une demande, bien légitime, sur notre vision de cette rentrée, nous nous devions de répondre aux très nombreuses sollicitations de nos candidats et du réseau. Depuis le début du confinement, nous échangeons avec les professionnels du secteur sur leur vision, espoirs, tendance. En cette rentrée 2020, si particulière, nous avons continué nos investigations pour pouvoir ensuite les partager avec vous.
Que ce soit nos clients, candidats, réseaux professionnels, toutes catégories d’hôtels confondues, tout notre réseau est resté connecté et dans l’échange depuis le confinement. Le premier constat serait d’être impressionnés par la combativité et l’optimismes de notre secteur, en tous cas pour celui que nous connaissons le mieux, l’hôtellerie.
Bilan de rentrée : courage, rebond et dynamisme sur un fond de fragilité et d’incertitude.
Force est de constater le grand paradoxe entre une volonté de rouvrir, notamment des Palaces et certains hôtels Parisiens, de travailler, de la plus part des professionnels du secteur, et une grande fragilité liée à l’incertitude de la progression du virus.
Les opérationnels hôteliers dont la vocation est de vivre leurs établissements, sont restés à l’arrêt, de force, chez eux pendant près de 6 mois. Rupture de mouvement particulièrement mal vécue, de façon globale. La plupart d’entre eux/elles n’ont pas repris. L’envie de reprendre le travail au sein des hôtels est devenue aujourd’hui une urgence. Notre secteur, confronté à l’absence de clients notamment, étrangers, souffre de ne pouvoir pleinement réintégrer ses talents qu’ils ont mis des années, parfois, à former. Nos grands dirigeants d’hôtel se battent au quotidien pour rassurer et incarner. Ils mettent en place des solutions de reprise progressives ou alternées pour que tout le monde puisse retrouver ses habitudes de travail. De notre côté, nous vivons une reprise des demandes de missions, source d’espoir et d’optimisme. Voici notre constat :
- Reprise des missions de recrutement sur les postes stratégiques uniquement : l’investissement hôtelier en France reste dynamique : nous constatons une reprise timide et très récente, mais bien réelle et encourageante des demandes de missions sur les postes stratégiques de type Direction Générale d’Hôtel, les postes de CODIR et surtout sur les postes stratégiques support. Aucune demande sur des postes de Chefs de Service, ou d’Adjoint de Direction, Hotel Manager : les hôteliers préservent ces postes en interne et s’investissent pour continuer à les motiver tout en développant leur polyvalence, ou s’en séparent (voir point 5).
- Un temps décisionnel démultiplié : la décision d’embaucher, côté client, et de signer, côté candidat est très hésitante. A l’inverse on nous demande de compresser nos délais habituels de chasse, l’urgence est encore plus forte qu’avant la crise. Nous constatons également une demande de voir une quantité plus importante de candidats en finalistes. Le niveau d’exigence est encore plus aigu pour tous les postes : en ces temps de crise, il est encore moins question de se tromper, côté candidat comme côté employeur.
- Une frilosité des candidats en poste pour bouger : c’est le fait marquant de cette rentrée, les personnes en poste et à l’écoute du marché sont frileuses pour prendre le risque de se retrouver en période d’essai.
- Sur le marché de l’emploi : beaucoup d’expatriés en quête de retour en France de très jeunes diplômés, des postes d’employés : nous n’avons jamais autant reçu de candidature spontanées de serveurs, chefs de rangs, chefs de partie en recherche, postes que nous ne pourvoyons pas chez Tovalea mais pour lesquels l’offre dépasse habituellement, la demande. Ceci est dû à la fermeture définitive de beaucoup de restaurants.
- Les postes de numéro 2 sacrifiés : nous constatons un retour sur le marché des Hotel Managers et Adjoints de Direction, ou Adjoints de chefs de service. Lorsque la Direction Générale reste en place, on demande aux GM’s de remettre les « mains dans le cambouis » et en ce sens, pour certains établissements, les organigrammes sont simplifiés pour ces postes de support opérationnels.
- Les sièges écumés : les sièges ont été les premiers à écumer des postes estimés comme « support mais non indispensables ». Sébastien Bazin, PDG d’Accor, disait lui même s’interroger sur les 7 niveaux de hiérarchie existant entre lui et les Directeurs/Directrices d’hôtels. Nous avons vu passer beaucoup de candidats en marketing, digital, évènementiel, chargé/es de projet.
- Les candidats travaillant en évènementiel et traiteur en recherche très active : beaucoup de chargé/es de clientèle sur le marché, issus des traiteurs, ou sociétés d’évènementiel. On voit aussi arriver des responsables des ventes et commerciaux internes issus de l’hôtellerie.
- Un retour en force des expatriés : beaucoup d’expatriés souhaitent revenir en France, la plus part en région et très peu à Paris. Beaucoup d’entre eux sont déjà de retour en métropole, conséquence des plans de licenciement des grands groupes à l’international.
- Les jeunes en grande souffrance : les jeunes diplômés et les étudiants en quête de stage ou d’apprentissage sont dans l’urgence.
- Pour les cadres, un impact sur le projet à long terme, repensé : pour les personnes confinées à Paris et dans les grandes villes, notamment en Asie, l’enfermement a eu ses effets sur le projet de carrière à long terme. Beaucoup de nos candidats ont pour projet de continuer à Paris deux à 3 ans maximum, pour ensuite quitter la capitale et monter son propre projet hôtelier. Nous avons pu le ressentir sur les cadres occupant actuellement un poste d’Hotel Manager ou Executive Assistant Manager. L’ambition n’est plus tant de devenir GM mais son propre patron, au vert, en famille, en simplicité.
- Un niveau de salaire à l’embauche maintenu : les salaires des cadres à l’embauche restent les mêmes. Seules les primes de 2021 font l’objet d’une négociation mais plus dans le sens d’une interrogation, à partir du moment ou toute projection budgétaire est impossible. Il est systématiquement indiqué dans les contrats d’embauche que la prime sera sujette à révision en 2021 en fonction des résultats.
- Une augmentation des demandes de contrats sans période d’essai : conséquence directe du point 3. Des contrats d’embauche à l’étude entre avocats qui mettent du temps à être validés par les deux parties et à se signer.
Conclusion
Septembre est marqué par une vraie volonté de reprise, mais elle reste fragile. Les missions sont longues à concrétiser. Les employeurs ont repensé leurs organigrammes pour plus de polyvalence ce qui a généré de nombreux postes sacrifiés, pourtant indispensables en période d’activité normale. Nous constatons que notre secteur, pourtant le plus impacté par le Covid, fait preuve de créativité, d’innovation pour vivre son métier d’hôtelier dans une danse forcée mais courageuse et innovante avec le virus. Si la deuxième vague, mieux préparée, n’aboutit pas sur un confinement, nous avons bon espoir que cette reprise timide se confirme.