Dégusté un chatrou grillé aux boucaniers sur fond de vagues s’écrasant sur le sable fin de la plage de pointe marin. Vous ne rêvez pas, vous êtes aux Antilles ! Des plages paradisiaques, des points de vue à couper le souffle, des conditions parfaites pour s’échapper du froid de la métropole.
Ce petit coin de paradis est pourtant un véritable enfer pour l’hôtellerie. Climat social tendu, grèves du personnel, manque de soutien des pouvoirs publics, les freins au développement sont nombreux.
Une présence quasiment inexistante d’Accor
2002, la direction du groupe prend une décision majeure : toutes les enseignes du groupe amorceront une sortie progressive des Antilles.
A l’époque, le cofondateur d’Accor, Gérard Pélisson remet en cause avec virulence les conditions de travail aux Antilles :
« Le climat social régnant dans les îles est détestable. Servir la clientèle est considéré comme dégradant et, à de rares exceptions près, l’attitude du personnel vis-à-vis de cette clientèle est inamicale, voire agressive. Nous sommes convaincus de l’impossibilité pour une entreprise d’hôtellerie de rentabiliser, même très modestement, un investissement, quelles que soient les mesures d’aide possibles apportées par l’Etat»
Des propos forts justifiant un retrait des hôtels du groupe et pourtant, une nouvelle chance est donnée aux Antilles en 2011. Le groupe envisage un retour en Martinique avec la création d’un Novotel sur la célèbre plage du Diamant, à la pointe Simon. Cinq ans plus tard, le projet est toujours en cours.
A ce jour, seul l’hôtel résidence Mercure est implanté sur cette même plage avec un accès pour le moment restreint à la réservation.
La liquidation de l’hôtel Manganao, une institution en Guadeloupe
Mai 2015, une grève générale bouleverse l’activité du Manganao Hotel Club Paladien du groupe Marmara.
Bar désert, restauration indisponible, plage abandonnée par les maitres nageurs, un no man’s land hôtelier.
Un mois plus tard, Marmara quitte le bateau et décide de ne pas jouer le jeu. Le groupe décidera de se positionner uniquement sur le bassin méditerranéen et l’Europe.
Le personnel revendiquera à son tour des conditions de travail difficiles avec un manque de matériel, de sécurité des biens et d’effectifs. Dans un contexte économique complexe pour l’hôtellerie, difficile pour le groupe d’engager un investissement à risque dans une infrastructure rénovée. Ce cercle vicieux mènera à une liquidation judiciaire inévitable.
Pierre et vacances et Club Med : des recettes qui marchent
Quatre villages à succès :
– Pierre et vacances : Village Club Saint Anne et Club Sainte Luce
– Club med : Les boucaniers en Martinique et La caravelle en Guadeloupe
Deux formules de vacances clé en mains avec des prestations hôtelières complètes mêlant logement, restauration et activités diverses.
Le modèle du club med, basé sur des GO métropolitains saisonniers, permet de tenir une qualité d’accueil et de service à hauteur des attentes des clients.
Et si le recrutement de métropolitains, en attendant un plan d’action / de formation des pouvoirs publics pour qualifier les candidats locaux, serait une solution temporaire efficace pour apporter aux hôtels des garanties sur le service ?
Pourquoi investir les Antilles serait une bonne idée ?
Les Antilles s’ouvrent davantage vers les Etats-Unis.
Fin 2015, la compagnie Norwegian Air ouvre en exclusivité plusieurs lignes entre Pointe à pitre, Fort de France et New York, Boston, Baltimore/Washington.
Il s’agit d’une vraie nouveauté car ces villes n’étaient pas desservies, seules American Airlines au départ de Miami et Air Canada au départ de Montreal proposaient des trajets entre les Antilles et l’Amérique du Nord.
Les potentiels touristes américains pourraient apporter un nouvel élan aux hôtels situés sur les deux îles.
A ce titre, le New York times a réservé dans son classement « 52 places to go in 2016 » une bonne publicité pour la Guadeloupe en lui réservant la douzième place .
Les élections de 2017 pourraient également insuffler une dynamique nouvelle. Plusieurs pistes sont envisageables pour stimuler l’hôtellerie dans les Antilles :
– Un étalement des dettes accumulées par les hôtels avec une caution de la région. La gestion des dettes cumulée est difficile pour les hôteliers. Un aménagement pourrait donner de l’air et inciter les propriétaires à investir dans leurs infrastructures
– La prise en charge de formations sur mesure, avec des experts de l’hôtellerie, pour offrir aux hôteliers du personnel local qualifié. Avec un marché marqué par un chômage fort, l’hôtellerie pourrait être le poumon de l‘emploi aux Antilles.
– Inciter les saisonniers métropolitains à s’expatrier aux Antilles en proposant des avantages fiscaux. Ces professionnels de l’hôtellerie apporteraient sur le terrain des habitudes de travail sources d’inspiration pour les locaux et des compétences nouvelles.
Du personnel qualitatif, une clientèle américaine, avec des infrastructures fraîchement rénovées et si le cercle vicieux devenait un cercle vertueux pour l’hôtellerie ?